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Chronique d'un antisémitisme ordinaire en France.

J'ai regardé, hier soir, la totalité de la soirée thématique sur #France2 à propos de l'antisémitisme en France. L'excellent documentaire, d'abord, de Ilan Ziv raconté sobrement par la voix chaude, forte et douce de Rachida Brakni. Toute la soirée, j'ai eu les larmes aux yeux. D'un bout à l'autre de ce film, j'ai ressenti une douleur sourde qui tenaille le ventre et que j'appellerais la honte. J'ai écouté le débat qui a suivi. Un débat de qualité, digne, sans violence, intelligent et argumenté et qui posait les vrais questions. Une sorte de répit dans la soirée, puis qu'il y avait quand même quelques notes d'espoir sur la volonté commune de ne pas se soumettre, de faire que la République gagne enfin et protège tous ses ressortissants, quelque soit leur confession. Puis, la soirée s'est achevée avec un autre film : "Chronique d'un antisémitisme d'aujourd'hui" tourné à Toulouse après le massacre de l'école Ozar Hatorah. Et là, j'étais effondré par les témoignages de souffrance, d'incompréhension des gens concernés. La haine contre les juifs affichée, d'islamistes plus que radicaux soutenus par une gauche extrême et imbécile, à peine quelques jours après l'attentat, dans les rues de Toulouse !

Certains juifs, beaucoup, trop, pensent à quitter la France pour rejoindre Israël ou le Canada, pour fuir la peur et protéger leurs enfants. C'est consternant que des Français pensent à fuir leur pays parce qu'ils ont peur d'autres Français !

J'en suis effondré et malheureux. Ami juifs, mes frères, je ne peux pas faire grand chose, juste vous dire que je vous demande pardon au nom de l'idée que je me fais de ma France. Je vous demande pardon et je suis avec vous. Vous qui êtes si peu nombreux, si fragiles et si persécutés, si vous partez, la France ne sera plus la France.


Je partage le magnifique témoignage de Guy Konopnicki, ci-dessous.

Publié sur sa page #https://www.facebook.com/Guy-Konopnicki/

 

"Insomnie, après avoir regardé la soirée de France 2 sur l'antisémitisme. Je ne découvre rien, j'ai écrit La Faute des juifs en 2001. Justement ! Ce livre plutôt bien accueilli n'a pas servi à grand chose. A cette époque, le double jeu d'Arafat avait fait échouer les accords de Camp David. Les ceintures de bombes répondaient à la proposition de paix d'Israël, qui avait alors un gouvernement de gauche. Ehoud Barak était allé au plus loin des concessions, jusqu'à accepter une autorité partagée à Jérusalem. Les négociateurs israéliens et palestiniens avaient rédigé un accord définitif. Les attentats suicides ont ruiné tout espoir, Arafat a lancé une compétition de la mort, poussant les brigades d'Al Aqsa à tuer plus de juifs que le Hamas. En France, l'extrême gauche et les Verts manifestaient contre la paix, en soutien au terrorisme palestinien, aux lâches qui envoyaient des gamins se faire exploser au milieu des civils juifs. A Paris, les manifestants brûlaient le drapeau israélien. Je me souviens de m'être fâché avec quelques amis, compagnons de tant de combats, qui refusaient de comprendre ce que signifiait cette étoile de David en flamme. Celle du drapeau. Ce n'était que le début. Bien avant l'assassinat des enfants juifs de Toulouse. Avant cette longue liste de meurtres, de saccages de synagogues et de profanations de cimetières. Le reportage sur Toulouse me glace le sang. La haine d'Israël exprimée dans les rues, trois semaines après le carnage de l'école juive. La gauche locale, lamentable, quand elle n'est pas ignoble. La solitude des juifs de Toulouse, une solitude que je partage, cette nuit. Le climat de violence et de haine dénature les luttes sociales. Le drapeau palestinien arboré dans une manifestation pour les retraites, comme si Israël et les juifs étaient, décidément, responsables de tout ! Et les huées de la foule quand, de son balcon, un juif demande ce que ce drapeau peut bien faire là. Je suis né à gauche, je suis un enfant de la République et du mouvement ouvrier. Et je suis renvoyé à ma condition de juif."

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